Destinées

Shen ==> Côté épouvantable, c'est sûr qu'entre une double branlation simultanée et semi-nécrophile (première version) et une extraction des 2 yeux suivie d'une simple branlation (the new), mon coeur balance.

Cela dit, j'ai quand même réussi à rigoler dans cette partie, en lisant cette phrase :

Citation :

La description que l’autre fils de pute lui faisait de son étang débile était en fait un kaléidoscope chaotique voué à se foutre ouvertement de sa gueule.

J'ai trouvé que l'alternance de niveaux de langue ainsi que le "se foutre ouvertement de sa gueule" final avaient un caractère comique...
Bref, quitte à reprendre un peu la premère version, peut-être le brave et sympathique Lion aurait-il pu profiter (sexuellement s'entend) de sa victime aveugle mais toujours en vie. Ceci aurait au moins évité la nécrophilie et sans doute satisfait l'orgueil de Lion d'abuser de cette incarnation de la beauté tout en la possédant entièrement. Mais je m'emporte : Lion (le vrai) sait ce qu'il fait et veille à ne pas en faire trop, justement.
Enfin, j'espère juste que le nécrophile ne sera pas moi : avec tous les persos en présence, il y a bien assez de vivants à se taper !

Ha ouais c'est... c'est pas mal quand même

Et je suis d'accord avec Lita, on est vraiment immergés dans la vision de Lion... et j'ai trouvé ce genre de remarques amusantes : "De plus, le gros fils de pute se débattait comme un putain d’enculé"

De mon point de vue, je trouve cette version plus crade (peut-être est-ce dû au fait que j'ai toujours été dégoûté par l'idée de toucher des yeux) et bien plus réussie que la première. Notamment grâce à la narration interne qui explique le pourquoi du comment de chaque geste, de chaque pensée qui pousse Lion à tuer son "rival".

Olive, il n'aurait pas été logique que Lion abuse sexuellement de Jonathan après lui avoir arraché les yeux. Sans ses yeux, Jo n'est plus supérieur à Lion, il devient un être banal et sans importance. Or, Lion ne s'excite que devant deux choses : la violence et les personnes qui lui ressemblent (sa soeur, le Marquis Rouge). C'est pourquoi Lion se contente de boire son sang, comme il se serait contenté de boire le sang de monsieur tout le monde. Mais dis-toi que ce n'est encore ici qu'un début, que tous les personnages vont pas mal évoluer, et que donc tous ceux qui sont "dégénérés" vont s'enfoncer de plus en plus dans leur folie. Au bout d'un moment, ils devraient être amenés à faire des trucs qui te plairont sûrement... ^^

En ce qui concerne la nécrophilie, je ne sais pas vraiment s'il y en aura. Tout dépendra de la façon exacte dont vont évoluer tous les cinglés. Ce n'est pas exclu, mais j'avoue que ce n'est pas quelque chose que je chercherai à inclure à tout prix.

Citation :

Au bout d'un moment, ils devraient être amenés à faire des trucs qui te plairont sûrement... ^^

Pourquoi donc ne suis-je pas rassuré ?

La narration employée est en effet très amusante et intéressante. Elle est particulièrement révélatrice de la paranoïa complète de Lion sur le moment, chose qui était absente dans la première version et qui aide à mieux comprendre la violence dont fait preuve le personnage. La phrase citée par Olive est, à ce sujet, culte.

Tout à fait, Shen : c'est d'ailleurs pour ça que je l'ai citée.

Lion Rafale a écrit:

Mais dis-toi que ce n'est encore ici qu'un début, que tous les personnages vont pas mal évoluer, et que donc tous ceux qui sont "dégénérés" vont s'enfoncer de plus en plus dans leur folie. Au bout d'un moment, ils devraient être amenés à faire des trucs qui te plairont sûrement... ^^

Ca en dit long sur ce que tu penses de mes goûts !

Bigre ! Quelle sauvagerie inextricable !

Je dois bien avouer que ta grandeur d'âme me laisse admiratif, Lara ! Malgré l'avortement du mariage, on reste ainsi bons amis.

justlara a écrit:

Bon, faut dire, il se fait tard et c'est pas sain le somnanbulisme.

A 6H09 du mat', je dirais plutôt qu'il se fait tôt !

Chapitre 3 : Les Lois Du Sang

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Partie 4 : Dent Pour Dent

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Perché sur le flanc nourri de neige fondue d’une colline bercée par les rayons clairs du soleil, Otori flaira quelque chose de douteux. Une scène morbide était en train de se dérouler sous les branches du saule pleureur qui surplombait l’étendue d’eau brillante, en contrebas. Une odeur âcre flottait pesamment dans l’air. Trop pesamment. L’odeur de la mort. Sans savoir pourquoi, il était certain qu’un être humain venait de se faire assassiner sous cet arbre. Une âme malheureuse réclamait vengeance. Il décida de la lui accorder.

Il saisit une flèche classique dans son carquois et la posa sur la corde tendue de son arc. A l’affût de la moindre présence, son arme crispée et parée à tirer, il descendit précautionneusement les quelques mètres glissants et humides qui le séparaient de l’arbre géant. Une fois devant le branchage affaissé, il cessa de respirer et prêta une oreille précise à la mélopée obscène qui provenait de sous la coupole close du conifère. Il perçut des ronronnements gutturaux, visiblement satisfaits, une respiration haletante, des bruits de succion.

- Je suis la perfection, gémit un homme.

Cette voix lente et chaude, dégoulinante d’antipathie, ne lui était pas inconnue. Il l’avait déjà entendue quelque part. Cependant, il ignorait où. Un détail sans importance. Ce qui comptait, à l’heure actuelle, c’était les moyens qu’il allait devoir déployer en vue d’aborder la situation dans des conditions optimales. Il avait prévu de propulser sa flèche à travers les branches tombantes et de laisser la chance s’occuper du reste. Toutefois, après réflexion, il rétracta sèchement cette idée. Quand il était question d’affronter un danger potentiellement mortel, mieux valait ne pas trop avoir confiance en la chance. Finalement résolu à attendre l’apparition de sa cible pour lancer les hostilités, il recula de trois pas, son arc toujours bandé.

- J’aime la perfection, je m’aime à en mourir.

La vulgaire mélodie s’éteignit enfin. Des tintements métalliques ne tardèrent pas à la remplacer : le cliquetis d’une boucle de ceinture, puis celui de quelque chose de plus lourd. Un petit ricanement grinça. Un infâme bruit svelte déchiqueta l’air. L’opaque rideau feuillu se déchira en plusieurs morceaux ; Otori sentit une chose agripper sa cheville. Une chose qui tenta de le déséquilibrer. Ses yeux lui apprirent que c’était un fouet incrusté de lames, très comparable à celui que portait le garde en armure pourpre dans le rêve qu’il avait fait la nuit précédente.

- Crève ! brailla le propriétaire de la queue épineuse et douloureuse de la plus imposante des roses sauvages.

Pour se défendre, Otori eut le réflexe de tirer sa flèche. Le projectile fendit l’atmosphère, traversa prestement le feuillage troué et arracha un hurlement rauque mêlant surprise et colère à celui qui le reçut. Il en profita pour libérer son pied de l’étreinte du serpent à dents.

- Tu m’as défiguré, pesta le brailleur en sortant de sa cachette.

Lorsqu’il découvrit le visage qui s’approchait de lui, Otori fut pris d’un agréable frisson effervescent. C’était un visage semblable à celui de l’un des deux hommes qu’il avait vus en rêve, de l’un des hommes qu’il mourait d’envie de chasser, de tuer. Un visage pâle mais maculé de sang, défiguré par la haine, aux yeux noirs et brûlants. Un visage un tout petit peu moins blafard, un tout petit peu moins creux, un tout petit peu plus humain que le visage du Marquis Rouge. Une cicatrice baveuse, longue d’une petite huitaine de centimètres écarlates, fendait la joue gauche du vampire.

- Belle balafre ! s’écria Otori, le cœur battant d’excitation. Gage définitif que ma flèche aveugle a bien failli transpercer sa cible dissimulée dans l’ombre… J’ai bien failli te transpercer la tête !

Provoquer son futur adversaire confortait la puissante exaltation qui s’était emparée de lui. La perspective du combat qui s’annonçait le stimulait, il se sentait bien, voulait se battre. Néanmoins, avant de mettre fin aux jours du vampire narcissique, il désirait plus que tout le faire enrager, le pourchasser dans ses derniers retranchements, afin de le rendre vraiment redoutable. Pour ce faire, il devait rouer de coups l’unique point faible qu’il connaissait de lui : l’admiration qu’il vouait à son propre physique.

- J’ai bien failli te transpercer la tête ! Mais j’ai seulement réussi à te rendre moche, avoue que c’est dommage.

Le vampire n’eut pas la réaction qu’il espérait, mais le regard qu’il lui jeta avait sensiblement la même valeur que les coups et les insultes auxquels il s’était attendus. En outre, son immobilisme était plutôt flatteur, puisqu’il prouvait son inquiétude face à la situation. La bête hésitait, ne savait pas comment réagir, il allait donc être facile d’exploiter sa faiblesse.

- De toute façon, continua Otori, même avant aujourd’hui, tu étais déjà très laid. Je t’ai vu, en rêve, ta face et tes dents étaient tellement atroces que j’ai failli vomir.

- Ta gueule ! tonna le vampire. Tu ne sais pas ce qu’est la beauté ! Tu n’y connais rien !

Tout s’avérait en effet très simple, la torpeur de la bête s’était déjà envolée. Intérieurement, Otori jubilait.

- Je sais au moins une chose sur la beauté, c’est qu’elle n’est pas ta meilleure amie, ricana-t-il.

Dans un hurlement inhumain, le vampire lança son fouet en direction de sa tête. Otori se baissa sous la mort. Alors que l’arme sifflait au-dessus de lui, il esquissa un sourire amusé en imaginant la blessure mortellement rouge qu’elle aurait pu lui infliger, s’il n’avait pas su prévoir sa trajectoire horizontale. L’aurait-elle décapité ? Ou simplement égorgé ? Dans les deux cas, elle l’aurait fait saigner. Amusant.

- C’est tout ce que tu sais faire, méchante bestiole ? railla-t-il en se redressant.

- Fils de pute ! Lion ! Je m’appelle Lion !

Otori éclata de rire. Lion était un malade mental au comportement bestial et sauvage, sûrement quelqu’un de très dangereux qui allait lui permettre de se mesurer à la mort. En se dressant contre Lion, c’était la mort elle-même qu’il allait défier. Cette idée caressait ses cinq sens.

- Enchanté de te connaître, Lion ! fit-il avec une pointe d’ironie. Moi, je m’appelle Otori !

- Toi, tu es un gros fils de pute !

Le vampire s’apprêtait à l’attaquer, mais il fut plus rapide. Il courut vers lui et lui envoya son pied dans le tibia. Lion tomba en avant. Quand il fut au sol, Otori délaissa son arc, dégaina hâtivement sa dague et la planta dans l’avant-bras droit de Lion, celui qui tenait le fouet. Une petite effusion de sang donna lieu à un interminable rugissement rocailleux.

- Bâtard ! Tu m’as fait mal ! Je vais te faire crever !

Satisfait, Otori laissa Lion se relever. Le jeu venait seulement de commencer. A partir de là, la rage du vampire allait atteindre son paroxysme et rendre la distraction fort sympathique.

- Viens me faire crever ! s’exclama-t-il en riant. Et plus vite que ça !

A présent, Lion se trouvait dans la position d’un fauve hystérique prêt à bondir sur sa proie. Luisant de sueur, accroupi dans l’herbe, les babines retroussées, la bave aux lèvres, d’ignobles râles saccadés sortaient de sa gorge. Une quantité impressionnante d’hémoglobine ruisselait sur son visage décomposé et sur son bras ballant. Otori remarqua un paquet de cigarettes coincé derrière sa ceinture. Ainsi, le vampire avait été un être humain normal, au vingt-et-unième siècle. Drôle et difficile à croire.

- Je vais te faire crever !

La bête lâcha son fouet et s’élança si rapidement qu’Otori n’eut pas le temps de l’éviter. Il encaissa brutalement son étreinte tout en s’apercevant que ses pieds quittaient le sol. Lion le porta sur plusieurs mètres, jusqu’à l’étang, avant de se laisser lourdement tomber sur lui. L’eau plate claqua violemment sous le poids de leurs deux corps réunis. Elle était peu profonde, Otori ne fut pas totalement immergé, juste un peu sonné, juste un peu écrasé par la masse dominante du vampire.

- Crève ! gueula Lion en lui assénant un coup de poing métallique dans l’épaule.

Instinctivement, pour se soustraire à la supériorité de son ennemi, Otori lui fourra sa dague dans le flanc gauche. La lame s’enfonça sans un bruit dans la chair de Lion et heurta un os. Elle réapparut ornée d’un large sourire sanguinolent. Autour d’eux, l’eau s’empourpra furieusement.

- J’ai mal, gémit Lion en se remettant péniblement debout.

Otori se releva à son tour. Le vampire était devant lui, pétrifié. Il titubait, ses cheveux trempés bataillaient en tous sens et des larmes roulaient sur ses joues sales. Du sang pissait abondamment de toutes ses blessures, colorant et dérangeant inlassablement la surface de l’eau au sein d’incessants clapotis. Ses yeux sombres pétillaient d’une détresse poignante, mélancolique, humaine. Il ressemblait enfin à un homme.

- Je te trouve beau, Lion, murmura Otori, attristé. Bien plus beau que le Marquis Rouge.

Ses paroles étaient franches. Lion n’y fut pas sensible. Son expression s’enflamma à nouveau, il se remit à baver, recommença à gronder et à souffler. Après une courte pause, la mort était de retour et ne demandait qu’à reprendre le combat. Cependant, maintenant qu’Otori avait entrevu son côté humain, elle ne lui plaisait plus du tout. Désormais, son unique souhait était d’abréger les souffrances du pauvre garçon emprisonné derrière les traits funestes du vampire bestial.

- Je suis désolé, continua-t-il. Je vais t’aider à quitter ce monde. Tu n’as plus aucun espoir, ici.

Lion grogna et se rua sur lui.

- Je vais te buter ! Tu vas crever ! Je vais te faire crever !

Otori esquiva tristement la pluie de coups de poing pataude et tapageuse qui essaya de s’abattre sur lui. Il profita d’un court moment de répit pour loger une dernière fois sa lame dans le corps de Lion.

- Pardon…

Lion retira lui-même la dague nichée dans sa poitrine. Il la laissa tomber dans l’eau vermeille, posa un regard effrayé sur le trou béant qui avait pris la place de son cœur, toussota, cracha un peu de sang.

- Je… Je suis en train de… De me vider, hoqueta-t-il d’une voix bourdonnante.

Pour en finir, il s’effondra en silence. L’eau remua doucement en l’accueillant. Des dizaines de petites auréoles aux courbes estompées naquirent à sa surface rougie et commencèrent à enfler.

- Je ne… Je ne veux pas… Crever…

L’âme en peine, Otori observa les ondes énergétiques circulaires balayer calmement une bonne partie de l’étang. Elles moururent lorsqu’elles eurent atteint des proportions monumentales, elles moururent en même temps que Lion, en même temps que celui qui leur avait donné naissance.

Voila en tout cas qui nous change radicalement de la première version. Un dénouement surprenant pour un excellent combat. La question est maintenant : Comment Lion va-t-il faire pour revenir. Car ce serait bien improbable que ce soit la dernière fois qu'on le voit, pas totalement impossible mais improbable.

Ce serait pas cool même
Qui c'est qui va torturer des pauv' gars innocents si il est plus la ?

Faut pas être triste ! Il y a d'autres méchants que Lion quand même !

Assez inattendu, ma foi ! Le comportement d'Otori me semble tout de même légèrement sanguinaire pour un défenseur du Bien. Certes, il change du tout au tout à la fin mais bon... Encore un excellent chapitre mené de main de maître.

je profite de mes heures wi-fi payantes pour réagir....
Olive j'crois pas qu'Otori est changé de comportement d'un poil, il s'amuse plus c'est tout...Et sa psychologie est loin d'être sanguinaire... suicidaire serai plus juste j'imagine ^^

Bon, je crois que la suite va avoir un peu de retard car j'ai un petit problème : je l'ai écrite mais en la relisant je me suis rendu compte qu'elle ne me plaisait pas du tout. Donc, je vais la recommencer.

Normalement, c'est l'histoire de deux ou trois petits jours.

Je comprend, et c'est toujours terrible, mais c'est ce qui mène vers la qualité.

Ceci étant Shen, tout ça ne te motive pas à continuer ta fic ?

Certes.

Mais il me reste des choses à faire. Ca ne sera pas rapide en tout cas mais j'essaierais.

On parle d'Ageha, mais j'espère que Edge va aussi gagner un peu de matière grise. C'est pas que déposer un baiser sur le front d'une damoiselle dès qu'elle a un problème me dérange, mais bon.

Bon, sinon, le style est toujours aussi fin et raffiné (voire même plus), et il y a même un gain de personnalité. L'histoire avance, l'on est pressé d'en savoir plus. Bref, comme l'aurait dit Zhou : "La suite, et vite !!"

Chapitre 3 : Les Lois Du Sang

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Partie 5 : Jamais Deux Sans Trois

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D’un coup de talon étouffé, Fred ouvrit la porte que lui avait indiquée la réceptionniste de l’auberge. Il découvrit une petite chambre puante aux murs beiges, sommairement meublée, munie d’une seule fenêtre dont les vitres poisseuses salissaient la lumière du jour. L’atmosphère était humide et répugnante, comme enlisée dans une substance boueuse. Il n’était pas difficile de croire que des créatures néfastes avaient passé la nuit ici. Cet endroit avait servi de tanière au mal, il portait désormais sa griffe indélébile.

Zhou n’avait pas menti. Une femme et un homme aux cheveux châtains dormaient paisiblement dans un lit, leurs deux corps immobiles tournés l’un vers l’autre, en partie recouverts par un drap fin. Il avança doucement jusqu’à eux. Sur sa droite, posés à même le sol, il distingua une robe noire, un éventail en plumes, une étrange perruque blanche, une cotte de mailles, ainsi que toutes les pièces d’une armure pointue. Au centre du tas d’affaires trônaient une faux à l’allure terrifiante et un katana.

- L’ensorceleuse dégénérée et le barbare à l’ombre violette, chuchota-t-il en se penchant sur les deux endormis. Vous n’êtes déjà plus que de l’histoire ancienne.

Il ouvrit la sacoche accrochée à sa ceinture, en sortit une fiole qu’il vida sur la lame noire de son épée. Juste au cas où. Le poison n’avait pas d’odeur mais sa texture verdâtre faisait briller le métal de mille émeraudes étincelantes. Il leva son arme brillante au-dessus du visage de la femme en esquissant un sourire tamisé.

- Adieu !

Fred planta sèchement la pointe de son épée dans la joue blafarde et parsemée de faux grains de beauté. La chair de Lara accueillit généreusement une bonne dizaine de centimètres de la lame. Tandis qu’une flaque de sang grandissante envahissait déjà la blancheur des oreillers, l’ensorceleuse écarquilla un œil vitreux, entrouvrit la bouche pour en laisser sortir un bruissement proche du gémissement, se débattit vainement dans deux convulsions aussi molles que désespérées, et mourut. Le tout dans un silence quasi-absolu. Pourtant, son compagnon fut réveillé. Il ouvrit subitement de grands yeux fluorescents gorgés de fureur.

- Sale chien ! hurla-t-il.

A peine Fred eut-il retiré sa lame ensanglantée de la tête de Lara qu’il reçut un coup de poing. Le choc étonnamment électrisant le força à reculer de plusieurs pas, il dut secouer vivement la tête pour recouvrer ses esprits. Lorsque ce fut fait, il eut tout juste le temps de bondir sur le côté de manière à éviter le katana talonné de lumière violette qui fondait droit sur lui. Le sabre éventra le bois du plancher avec une sauvagerie acérée certainement très significative de la colère de son propriétaire.

- Raté ! ricana Fred en jetant un regard moqueur au cauchemar d’Ageha.

Dabilahro ; le démon en armure noire, le barbare à l’ombre violette. Une vraie tête à claques. Ses traits étaient d’une curieuse finesse, ses yeux d’un bleu improbable, son corps nu d’une pâleur maculée de taches de sang. Il semblait être le petit frère du détenteur de Soul Edge de qui tout le monde avait rêvé. Leurs physiques arboraient de nombreuses similitudes, en tout cas.

- Tu aurais mieux fait d’aller rejoindre Otori avec tes potes, Fred, marmonna le barbare. Le cadavre de Lion aurait d’avantage apprécié ta présence que moi.

Ainsi, il possédait vraiment le même pouvoir que Zhou.

- Non, j’ai préféré venir transpercer la tête de ta copine, fit Fred en agitant son épée cracheuse de sang dans le vide en signe de provocation.

Une pluie écarlate et muette humecta les quelques mètres qui les séparaient.

- Tu as fait le plus mauvais choix de ta vie de chien, tu vas le payer très cher.

Le barbare avait parlé calmement, et Fred fut surpris par l’agressivité avec laquelle il se jeta sur lui après avoir refermé la bouche. Il parvint néanmoins à narguer la mort en se baissant de justesse sous le chemin parfaitement horizontal qu’empruntèrent le katana et son ombre aiguisée.

- Encore raté ! railla-t-il.

Il se préparait à loger sa lame empoisonnée dans le genou découvert qui lui faisait face mais le barbare captura son geste sous son pied.

- Tu as beaucoup de points communs avec Samcore, siffla Dabilahro, heureux d’abattre son arme sur le bras emprisonné.

Ce à quoi il s’attendait n’arriva pas ; il n’y eut aucun hurlement, aucune effusion de sang, aucun membre sectionné. Son katana ne fit qu’étriper une nouvelle fois le plancher.

- Décidément, tu es incapable de viser correctement, lâcha Fred en se remettant debout.

Les nerfs à vif, Dabilahro fonça sur le sale chien insolent avec une seule obsession en tête : lui faire payer la mort de Dame Lara.

- Tu vas mourir !

Sa lame maléfique décrivait de nombreux demi-cercles mauves. Elle virevoltait dans tous les sens, poursuivait son ennemi sans éprouver la moindre pointe de lassitude, s’acharnait à essayer de le toucher. Mais rien n’y faisait. Ses attaques se retrouvaient sans cesse confrontées au rempart impénétrable et implacable de son homologue bénéfique. Chacun des violents baisers d’inimitié qu’elles échangeaient produisait un cri tranchant.

- Tu finiras bien par mourir !

- Si tu savais viser, je serais déjà mort depuis longtemps, remarqua Fred.

- Meurs ! tonna Dabilahro en faisant mine de vouloir lui trancher la tête.

Fred tomba dans le piège et plaça son épée devant son visage.

- Tu es à moi, fit froidement Dabilahro en modifiant la trajectoire de son coup de façon à lui faucher les jambes.

Fred s’effondra brutalement en arrière. Un monstrueux jet d’hémoglobine se mit à arroser la chambre et ses murs. Le tibia et le pied amputés ayant appartenu à la jambe droite du chien gisaient au beau milieu d’une mare noirâtre placidement rougie par le peu de lumière présente dans la pièce. Exceptés les hurlements, trop absents, tout était à la hauteur des espérances de Dabilahro. La vengeance de sa compagne était en train de se dessiner.

- Tu as perdu, chien.

Avec une tranquillité sereine, il marcha jusqu’au corps démembré en faisant bien attention à ne pas glisser dans les nombreuses flaques mouvantes qui jonchaient le sol. Le sang tiède caressait les plantes de ses pieds nus au sein de soyeux claquements, tous plus agréables les uns que les autres. La sensation lui rappela la peau douce et chaude de Dame Lara. Une comparaison un brin morbide, mais non dénuée de charme.

- Pourriture, gémit Fred. Tu es une pourriture !

Dabilahro eut un petit rire empli de cynisme. Il brandit la lame baveuse de son sabre au-dessus de la gorge oscillante du cabot au visage triste qui venait de prononcer ses dernières paroles.

- Ton heure est venue. Mes amitiés à Samcore.

Il s’apprêtait à le décapiter quand une douleur atrocement vive s’empara de sa hanche, lui arracha un cri et le paralysa. Il baissa les yeux et constata avec horreur que son ventre alimentait goulûment l’étang sanguin dans lequel étaient noyés ses pieds. L’épée de Fred était fichée dans la partie gauche de la fontaine rouge qu’était devenu son abdomen. Il l’en retira, poussa un second cri, puis se laissa tomber sur le plancher mouillé.

- Tu es une pourriture et tu vas crever comme une pourriture, répéta Fred.

- C’est toi la pourriture ! Tu vas mourir avant moi ! Je te le promets ! Elle va venir !

Ses propres mots diffusèrent leur écho ballant au fin fond de sa tête meurtrie, culbutant violemment toutes les parois internes de son crâne. Sa vue se brouilla au point qu’il dut fermer les yeux et ses oreilles lui faisaient si mal qu’il crut ses tympans déchirés. Elle arrivait.

- Dépêche-toi ! supplia-t-il.

Il se sentait transpirer comme un porc. Il rouvrit les yeux. Alors que les battements de son cœur résonnaient grassement dans ses tempes et dans les veines de ses poignets, son esprit s’engouffra dans l’obscurité d’un vertige abyssal. Son estomac tripla de volume, sa gorge s’emporta ; il vomit. La substance brunâtre sortie des tréfonds de ses organes digestifs retournés déploya ses longues ailes nauséabondes à l’intérieur du liquide rouge qui ravageait inexorablement la chambre.

- Dépêche-toi ! Je t’en supplie ! Viens !

- Tu es en train de crever comme une pourriture ! cracha Fred.

Pour lui, le barbare n’était plus qu’une abominable silhouette pourpre et luisante, aux yeux fluos, agonisant dans une véritable mer de sang. Il ne savait malheureusement pas combien de temps il fallait au poison pour agir. Ce dont il était certain, par contre, c’était que l’être malfaisant allait mourir. Cette pensée n’apaisa ni sa souffrance, ni sa peur. Sa peur face à la chose violette qui, il en était sûr, n’allait pas tarder à arriver, allait arriver avant la mort de celui qui s’époumonait à l’invoquer. Sans ses deux jambes, il lui serait impossible de fuir. Il se dit qu’Ageha avait finalement d’excellentes raisons d’être effrayée par le barbare et, surtout, par son ombre violette. Car à cet instant, c’était de l’effroi à l’état pur qui déferlait en lui.

- Vite ! Dépêche-toi !

Deux gigantesques lueurs mauves apparurent entre les deux hommes. Tout d’abord informes, leurs courbes confuses se précisèrent, muèrent, fusionnèrent, s’assemblèrent pour acquérir peu à peu un aspect humain. L’aspect translucide et impalpable d’un être dont le visage et le corps nu étaient des reproductions parfaitement fidèles de ceux de Dabilahro. Une bille d’un rouge vif trônait dans chacune de ses orbites.

- Mon ombre ! brailla Dabilahro en se remettant péniblement debout. Aide-moi à tuer ce chien ! Je te l’ordonne !

L’ombre s’approcha de Fred, le souleva par les épaules et le plaqua contre un mur infesté d’hémoglobine. Malgré la douleur qui n’aspirait qu’à l’immobiliser, Dabilahro trouva la rage de se ruer sur son ennemi.

- Meurs !

Quelques hurlements furieux et terrorisés plus tard, la tête du clébard n’était plus reliée à son corps et le plafond, épargné jusqu’à présent, était désormais de la même couleur que le reste de la petite pièce. L’ombre mauve avait disparu.

- Tu es mort avant moi, souffla Dabilahro.

Il s’agenouilla sur la dépouille de Fred et se servit de la lame tremblante de son katana pour lui ouvrir le torse. Son cœur était là, derrière une rangée de côtes.

- Tu es mort en me combattant. Maintenant, ta force et ton courage sont à moi.

A l’aide de ses doigts, il brisa les os gênants et s’appropria l’organe encore chaud.

- Paix à ton âme.

Le cœur de Fred logé dans sa main droite, Dabilahro traîna tant bien que mal sa masse rouge et engourdie jusqu’au lit où reposait le cadavre de Dame Lara. Il employa ses ultimes efforts à s’allonger près d’elle. Quand il y fut parvenu, il posa sa tête sur la poitrine froide de la belle.

- Je devais vous protéger, Dame Lara. Je devais régner sur ce monde, entre Soul Edge et vous. J’ai échoué…

Une larme perla sur sa joue. Il voulut mordre dans le cœur du responsable de ses échecs, mais n’en eut pas la force. Il put seulement fermer une dernière fois les yeux avant de sombrer dans les griffes de la mort.

Eh bien ! Je suis en mesure d'affirmer que c'est...mortel !!

Je te rassure, cela ne ressemble en aucun cas à une parodie clichesque. La scène est parfaitement agencée et retranscrite.

Par contre va falloir modérer tes instincts meurtriers sinon dans une semaine, il restera plus personne.

Je me disais la même chose qu'Edge. La durée de vie des persos ne dépasse plus les deux trois jours.

Sutout qu'ils vont pas aller loin maintenant les méchants avec Leona et Nunus. Ils vont avoir besoin de renforts.

Enfin, toujours aussi bien sinon. Je vois pas du tout où ça va bien pouvoir aller.

Ouargh trois morts d'un coup ! J'adore parce qu'on s'y attend pas du tout mais du coup l'histoire de Fred avec la pitchoune n'aboutit pas... je me demande bien ce que Lion a derrière la tête...

D'accord avec Edge, Shen et Zhou. Les méchants sont actuellement dans la panade mais les nouveaux devraient arriver... Le style est toujours excellent et le tout est, comment dire, saignant, peut-être un peu trop d'ailleurs.
Par contre, Zhou (le perso) avait dit que Lara était de loin la plus dangereuse, donc je m'étonne légèrement qu'elle soit morte de cette manière... Wait and see !